Après un bon mois sans mettre le télescope dehors à cause de ce foutu temps, je suis en joie : le beau temps est de retour ce vendredi soir.
Après un départ à 20h de la région parisienne, nous débarquons vers 23h30 à Wassy, petite ville de la Haute-Marne. Nous logons en ville. A priori c'est pas le pied niveau "lampadaire". Sauf que c'est sans compter sur les difficultés financières de la ville qui éteint les éclairages superflus (l'église, l'école, ...) après 23h. Résultat : dans le jardin le ciel est bien noir
. Le malheur des uns ....
Le petit hic ce soir est que dès mes premiers pas dans le jardin pour installer le matos je sens que l'humidité est très présente. Palpable. On va donc oublier l'idée de se mettre sur l'herbe en plien milieu du jardin : buée assurée sur la lame de mon Mak 90 et sensation de froid.
Une fois l'installation terminée, je jette un oeil au ciel, histoire de voir quelles constellations me sont accessibles : Boötes, Hercules, Draco sont en bonnes position ; Ophiucus, Cygnus et Lyra se lèvent ; pendant qu'au ras de l'horizon Sud, Antarès cumine. Et le fait est que l'humidité et la luminosité rémanente du crépuscule diminue singulièrement les qualités du ciel : j'ai du mal à distinguer M 13 à l'oeil nu
Et c'est parti ! Mon adaptation à l'obscurité n'est pas forcément excellente mais suffisante et je m'attaque à M 51 avant que ça passe derrière la maison qui bouche l'horizon Nord/Nord-Ouest. Et là je me prends une petite claque : j'avais dans la tête ma dernière observation avec mon 114 en pleine campagne et une nuit bien noire. Là mon Mak 90/1250 (qui avoisine les 74 mm d'ouverture virtuelle) a bien du mal à me donner une image correcte de la galaxie des Chiens de chasse : à part le coeur bien lumineux, je ne distingue quasiment rien. Un essai sur M 94 me confirme qu'il va falloir que je me cantonne à des objets bien contrastés et relativemement lumineux.
Ca tombe bien c'est la saison des amas globuaires et ce soir le must va passer dans mes mirettes : j'enchaîne M 3, M 53, M 80, M 4, M 13, M 92, M5. Bien belle série avec chacun leur particularité : un petit coeur dense pour M 92/53, petit pour M 80, M 13 majestueux, M 3 & M 5 les rois des globulaires
, et pour finir M 4, gigantesque. Et c'est bien là le problème : ne pouvant pas grossir à moins de 62,5x, j'ai eu bien du mal à le distinguer : à ce grossissement sa lumière est très diluée et il rempli entièrement (ou presque) le champ. J'ai regreté mon 114/500 sur ce coup là.
J'aurai bien tenté Ophiucus mais le charmeur de serpents se cachait derrière le gros tulipier du jardin. Vision amusante d'ailleurs, de voir la tête et la queue du Serpent émmerger de l'arbre ...
Entre temps la Lyre et le Cygne sont bien levés. Je vais donc voir M 57, bien évidemment. Comme avec M 51 la vision est décevante : on sent que là c'est l'humidié qui gêne. Je perçois malgré tout son annularité mais c'est pas l'extase. Je passerait bien à M 27 mais cette fois ce sont les bouleaux qui me gêne. Tant pis. Je me rabat sur Albireo, toujours aussi esthétique, et la Double Double
en pensant à Flying Jacket ... Je tente aussi M 39, beaucoup trop étendu pour mon optique et M 29 que j'ai bien du mal à cerner dans cette portion fournie de Voie Lactée. Je jette un coup d'oeil à la lame de mon Mak et je constate alors avec effroi qu'elle s'embue, lentement mais sûrement. Je ne perds pas de temps et je pointe encore un globulaire : M 56. Je le considère comme difficile en ville et là il m'apparaît beaucoup plus facile, faible mais quand même évident. Le temps de repointer M 5 pour le plaisir et là mon Mak est complètement embué.
Je jette un coup d'oeil à ma montre : 3h. Je pourrais rentrer un peu, manger, boire, pendant que le scope se réchauffe un peu, mais le ciel n'est pas assez exceptionnel pour durer jusqu'à l'aube. Je finis donc par remballer, quand même très content d'avoir pu observer